Die Moorsoldaten, le Chant des marais, peut être considéré comme l'un des premiers chants de la déportation et de la résistance.
Le camp de concentration de Börgermoor, situé en Frise, au nord-ouest de l'Allemagne, a été ouvert en juin 1933 par le régime nazi. Rudi Goguel et Herbert Kirmsze qui y furent internés l'année suivante, composèrent la musique de ce chant très sombre et poignant, Die Moorsoldaten, dont les paroles allemandes furent écrites par Johan Esser et Wolfgang Langhoff. Hans Eisler en a fait une adaptation qui a été interprétée par le chanteur antifasciste Ernst Buch.
Cette oeuvre est pleine d'une infinie tristesse, mais on y voit, dans le sublime crescendo final, l'espoir renaître dans la souffrance. Elle est ainsi un chant de résistance, destiné à redonner courage, afin de faire échec au désespoir et aux renoncements, en dépit de l'horreur quotidienne et de la misère absolue de l'univers concentrationnaire, dans lequel les hommes étaient condamnés à vivre, par un régime inhumain.
Une version française, appelée le Chant des marais, a été créée quelques années plus tard, et a été chantée dans certains camps de concentration de la deuxième guerre mondiale, notamment au camp de Dachau.
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Die Moorsoldaten
(Lagerlied von Börgermoor)
Wohin auch das Auge blicket,
Moor und Heide nur ringsum.
Vogelsang uns nicht erquicket,
Eichen stehen kahl und krumm.
R - Wir sind die Moorsoldaten
und ziehen mit dem Spaten
ins Moor. (bis)
Hier in dieser öden Heide
ist das Lager aufgebaut,
wo wir fern von jeder Freude
hinter Stacheldraht verstaut.
Morgens ziehen die Kolonnen
in das Moor zur Arbeit hin.
Graben bei dem Brand der Sonne,
doch zur Heimat steht der Sinn.
Heimwärts, heimwärts jeder sehnet,
zu den Eltern, Weib und Kind.
Manche Brust ein Seufzer dehnet,
weil wir hier gefangen sind.
Auf und nieder gehn die Posten,
keiner, keiner kann hindurch.
Flucht wird nur das Leben kosten,
Vierfach ist umzäunt die Burg.
Doch für uns gibt es kein Klagen,
ewig kann's nicht Winter sein.
Einmal werden froh wir sagen:
Heimat, du bist wieder mein.
R - Dann ziehn die Moorsoldaten
nicht mehr mit dem Spaten
ins Moor! (bis)
Le chant des marais
Loin vers l’infini s’étendent
Des grands prés marécageux.
Pas un seul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux.
Refrain
O, terre de détresse,
Où nous devons sans cesse
Piocher. (bis)
Dans le camp morne et sauvage,
Entouré de murs de fer,
Il nous semble vivre en cage,
Au millieu d'un grand désert.
Bruit des pas et bruit des armes,
Sentinelles jour et nuit,
Et du sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.
Mais un jour dans notre vie,
Le printemps refleurira
Libre enfin, ô ma patrie,
Je dirai: tu es à moi.
Dernier refrain :
O, terre d’allégresse,
Où nous pourrons sans cesse
Aimer. (bis)