ROMA AMOR
Le couple d’Italiens de Bologne a ouvert la soirée tout en finesse baroque : la voix prenante de la chanteuse sur un folk minimal accompagné d’accordéon lorgnant parfois vers une musette assombrie ; tout cela m’a beaucoup touché. Et ce même si mon plaisir va plus naturellement vers leurs comptines obscures (« Lo Lo Lo ») et leur dark-folk enveloppé par cette langue italienne qui m’est si chère (« A Cosa Pensi »), que vers leurs morceaux plus ouvertement cabaret. Quoiqu’il en soit, une première partie dans une veine plus chanson que néo-folk littérale, ce qui ne fut pas pour me déplaire.
ROSE McDOWALL
Je le dis d’emblée, je n’ai absolument aucun recul sur ce que fait Rose et reste un fan dévoué depuis mon adolescence. J’ai suivi ses épopées musicales, de Strawberry Switchblade à ses participations au sein de DIJ et C93, puis son projet country-pop avec Boyd Rice, puis ses envolées avec Sorrow, puis enfin ses morceaux solos récents. Qu’elle n’ait plus le look de post-punkette psychédélique de ma jeunesse ne me gêne pas, que sa voix soit parfois moins juste qu’avant non plus, et qu’avec sa formation actuelle elle continue d’insuffler une touche pop à toutes ses compositions encore moins. Car même si il y avait des moments plus sombres, le terme est à mettre vraiment entre guillements car ses chansons sont très loin d’être dark, même si elles sont souvent langoureuses : « Forgive Me », « Ruby Tears », « Trees And Flowers » ou encore « Stone Is Very Very Cold » m’ont donc enchanté. Et même si certain ne seront définitivement pas d’accord avec moi, je donne une mention spéciale au retour de « Since Yesterday », que Tibet avait dépouillé en un folk intime, mais auquel Rose et ses amis ont redonnés sa touche pop d’origine, pour laquelle je ne me lasse décidemment pas.
OFF THE WAND & THE MOON
J’irais là aussi droit au but : je suis un peu trop vieux pour apprécier pleinement OTWATM. Non pas que leur dark-folk soit de mauvaise qualité, bien au contraire, ce groupe étant une sorte d’incarnation de tout ce que la folk sombre, la folk apocalyptique puis la néo-folk ont pu produire par le passé ; mais trop d’éléments me rappelle Death In June. Et ayant découvert ce type de musique il y a 20 ans déjà, les chansons néo-folk du trio DIJ-Sol-C93 ont déjà pris dans mon cœur toute la place que cet univers musical sombre, épuré et ésotérique développe. Cependant, en reprenant un peu distance en tant qu’amateur de folk noir, je ne peux que dire avoir été totalement transporté par des morceaux comme « Lost In Emptyness », « My Black Faith » ou « Raven Chat », ainsi que par cette cover de Lee Hazelwood extraordinaire. Concernant l’aspect live, j’ai vraiment apprécié le jeu de la guitare électrique, tout en ambiances mélodiques parfois proche du drone, ainsi que les subtilités tribales de John Murphy, pour l’occasion aux percussions, et qui a aussi immanquablement donné à ce set une dimension allant au-delà des versions studio.
Pour conclure, je dirais que produire une affiche dans cette scène musicale souvent si ostracisée, avec trois groupes venant de trois pays différents, soit onze musiciens au total, et dans un théâtre bien sympathique de Paris n’est pas chose aisée ; alors encore un grand bravo aux organisateurs qui ont rendus cet événement possible.